La chapelle Notre-Dame-du-Tertre
La chapelle rouge
Classée aux monuments historiques 1907
Par son testament daté du IV des ides d'avril 1220, Guillaume Le Borgne faisant, entre autres, différents legs aux églises de Châtelaudren, il est probable, ainsi que l'ont admis les auteurs des Anciens Evêchés, que Notre-Dame du Tertre existait à cette époque.
En dehors de Saint-Magloire, il y avait à Châtelaudren d'autres édifices religieux :
- la chapelle Saint-Julien ou de l'Hôpital détruite à la fin du XVIème siècle,
- la chapelle Saint-Gilles, commune alors entre Plélo et Châtelaudren,
- la chapelle Saint-Ninian.
Fondée par les Comtes de Goëlo vers 1300, Notre-Dame n'était pas alors prieuré, mais probablement chapelle des seigneurs de Goëllo, elle est mentionnée pour la première fois en 1428, lors de la confiscation des biens des Penthièvre et leur distribution aux fidèles du duc de Bretagne.
Un ancien terrier des biens de Notre-Dame du Tertre semble le confirmer. Il indique que cette chapelle fut jadis fondée par les seigneurs comtes de Gouëllo « pour raison de quoi l'on doit y célébrer au samedy de chaque semaine les vespres de la Sainte Vierge »
Plus tard, sans que l'on puisse préciser la date exacte de sa donation à Saint-Melaine, Notre-Dame devint l'un des prieurés de cette illustre abbaye au début du XVIIème siècle, et fut desservie par des religieux jusqu'à la Révolution.
Face Est, le porche Sud
L’édifice, dont les parties les plus anciennes remontent au début du XIVe siècle, a été remanié à la fin du XVe siècle (chœur et porche latéral), et agrandi au Sud-Est d’un double transept, d’un clocher encastré et d’un choeur et par l’ajout d'une chapelle seigneuriale.
Le porche Sud date de la fin XVe siècle, le clocher de 1560, le beffroi de 1740, la sacristie de 1757 et la chaire de la fin du XVe siècle. Les vitraux contemporains, œuvre d'Henri Larrière, réalisés en 1997, apportent une douce lumière.
Les lambris peints
La chapelle Notre-Dame-du-Tertre doit son nom de chapelle Rouge à la couleur dominante du plafond du chœur et de la chapelle Ste-Marguerite constituée de panneaux peints. Jean Geslin de Bourgogne écrivait en 1849 qu'il s'agissait "d'une des plus grandes pages laissées par le 15e siècle non seulement à la Bretagne, mais à la France toute entière".
Les fidèles ne sachant guère lire, le prêtre se servait de ces dessins pour illustrer ses propos et pour raconter l'histoire du salut biblique.
Le choeur début XIVe
Le fenestrage du chevet, avec ses trèfles et quatre-feuilles emboîtés dans un cercle et dans deux triangles curvilignes convexes, date de la fin du XIIIe siècle ou les premières années du XIVe. Il est remarquable d'exécution et se rapproche de certains remplages de Notre-Dame de-Bon-Secours de Guingamp et de la cathédrale
La Nef
Charpente sculptée de la nef de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre.
La représentation animale dans l'art médiéval est riche à la fois par la diversité des formes artistiques et la diversité des animaux représentés, qu'ils soient réels ou imaginaires.
Les représentations médiévales sont décoratives, mais surtout symboliques.
Les animaux représentent la Création, le Bien et le Mal, Dieu ou le diable. La symbolique du bestiaire médiéval tire sa source de multiples références à l’Ancien et au Nouveau Testament.
Le blochet de l'homme
clef de voute pendante
"visage de la femme engagoulée
Les sablières sculptées
La représentation animale dans l'art médiéval est riche à la fois par la diversité des formes artistiques et la diversité des animaux représentés, qu'ils soient réels ou imaginaires. Les représentations médiévales sont décoratives, mais surtout symboliques. Les animaux représentent la Création, le Bien et le Mal, Dieu ou le diable. La symbolique du bestiaire médiéval tire sa source de multiples références à l’Ancien et au Nouveau Testament.
Le lièvre
Le moissonneur
Le hibou
Les sonneurs
Le Porche sud / charpente sculptée
Le porche sud est intéressant, non seulement par l'élégance de l'archivolte de la porte, mais surtout par sa belle charpente dont le poinçon et les sablières sont sculptés. Sa construction en grand appareil date de la seconde moitié du XVe siècle. Véritable bande dessinée, les figurants sont, nos ancêtres dans leur vie quotidienne, mais aussi des créatures célestes, anges et démons et tout un bestiaire, tantôt merveilleux tantôt inquiétant.
La photo tout à droite : statue de la vierge en bois polychrome du XVIe siècle porche sud
Retable du maître-autel commandé le 11 juillet 1650, est dû à la générosité de Pierre Deslandes, sieur de Grand-Pré, avec son pavillon central, ses multiples colonnettes et statuettes, du sculpteur trégorois Le Bonniec, l'antependium est orné de sept panneaux en albâtre polychrome remarquables, datant de la fin du XVème siècle attribués à l’atelier de Nottingham.
C'est incontestablement le plus remarquable de la région.
Ces panneaux ont été volés en 1969. Quatre panneaux ont été restitués et sont en attente d'une exposition sécurisée.
Les 7 panneaux d'albâtre
De gauche à droite :
- St-Michel retrouvé en 2015 dans une collection privée en Angleterre
- L'Annonciation
- La Nativité
- La Ressurection retrouvé en 1990 aux pays Bas restitué en 1992
- L'Assomption
- le Couronnement de la Vierge volé en 1969 retrouvé en 1999 en Belgique restitué en 2004
- St Christophe volé en 1969 retrouvé en 1999 en Belgique restitué en 2004
Photos ci-dessous des 4 panneaux retrouvés, de gauche à droite :
- La réssurection
- Le couronement de la vierge
- St-Christophe
- St-Michel
Ancien autel en granit du XVIème siècle, provenant du couvent des Récollet.
Sur l’autel, statue de sainte Marguerite « issant du dragon ». La légende dit qu'elle fut avalée par un monstre et qu'elle en transperça le ventre pour en sortir.
Retable du Rosaire
Il fut commandé le 16 mai 1673 par les fabriques de la confrérie du Rosaire érigée en la chapelle Sainte-Marguerite.
Statue de la vierge en albâtre XIVème siècle, comme semble indiquer le visage de la vierge et de l’enfant ainsi que le traitement de sa robe et de son manteau à plis cassés en V.
Cette très belle statue a probablement été commandée par la famille de Penthièvre avant la mort de Charles de Blois en 1364.
Statue de la vierge début XVIe en bois polychrome. La Vierge tient son enfant et lui offre le sein gauche.
Le regard de la Vierge est dirigé vers son fils. Deux anges en aube blanche viennent poser sur sa tête une couronne à fleurons.
L'Enfant est nusa main gauche se pose tendrement sur la poitrine de la maman.
Sarcophage utilisant deux retables d’anciens autels du XIVème.
Dosseret orné de bas-reliefs représentant les apôtres dont saint jacques, très dégradé, tête martelée, reconnaissable à sa besace (le bras droit, disparu, tenait sans doute un bourdon), et l’adoration des rois mages, et la pierre tombale dite du prieur. Tombes aux armes des seigneurs de Rosmar, Seigneurs de Plouagat et Kerdaniel, seigneurie relevant du comte de Goëllo.
Fauteuil XVIIème siècle avec armes écartelées de Bretagne (hermines) et de France (Lys)
Chaire à prêcher XVIIe
Les vitraux contemporains 1997
La restauration des vitraux a été confié à Henri Larrière, sculpteur créateur contemporain.
Les baies offraient à l’artiste une surface de plus de 50m², la tâche n’était pas aisée, l’artiste a dû composer avec un mobilier d’une extrême richesse, et a retransmit dans son oeuvre cette lumière si particulière, douce, ocrée et nacrée qui baignait la chapelle. Les barlotières ont été réalisées comme une écriture, un graphisme, un travail de sculpture qui s’inscrit dans les baies et porte la lumière. On retrouve presque systématiquement une courbe au milieu de chaque baie rappelant la vue plongeante depuis la chapelle.
Une courbe avec un petit rectangle de plomb rappelle la chapelle sur le tertre. Le paysage est ainsi retranscrit sur le verre.
On retrouve de façon répétitive sur toutes les baies, les bleus placés de chaque côté des vitraux, un bleu granité et un bleu légèrement soutenu. Il existe une certaine opposition dans le travail des baies entre le nord et le sud avec une progression dans l’intensité des couleurs en allant vers le chœur.
Dans les parties centrales des baies côté nord, les ocres soulignent la courbe, côté sud, ce sont des roses un peu nacrés. Dans le transept sud, l’ensemble est plus neutre, plus minimaliste et volontairement discret sous un des plafonds.
Dans le cœur, des ocres opaques prennent en compte les voutes lambrissées rouges et le retable doré, comme un accompagnent.
« Ceux pour qui le vitrail doit impérativement raconter une histoire ou, avoir une charge symbolique, y déchiffreront les thèmes du tertre et de l’arbre, devineront peut être les litanies de la vierge, d’autres liront simplement un paysage poétique combinant calme contemplatif et tension interne…une œuvre en osmose avec les ciels, les vents et la terre de Bretagne » Philippe Bonnet conservateur en chef du patrimoine (1997).